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L'artiste collectionneur
Collection Arman
Retour au Japon
Retour au Japon

J'ai collectionné des collections, mais il y en a qui dans ma vie m'ont apporté plus que le geste d'accumuler. Les armes et armures japonaises représentent un parcours plus ambigu et plus riche, en rapport avec mon développement. A la fin des années 40, j'ai commencé à pratiquer des arts martiaux orientaux, et plus spécifiquement japonais, avec deux amis, Yves Klein et Jean- Claude Pascal. Nous nous sommes alors passionnés pour l'aspect religieux et culturel du Bushidô. C'est alors que j'acquis quelques sabres et quelques tsuba mais le manque d'informations et de connaissances, ainsi que des moyens très limités, m'empêchèrent d'avoir accès à des objets de qualité.

Pendant des années je me consacrais à collectionner et étudier les arts primitifs, et en particulier l'art africain. J'amassais alors assez de connaissances pour devenir mon propre expert et pouvoir me débrouiller honorablement dans la jungle du marché.

Un retour vers le Japon prit forme sous deux aspects. Le premier: comme artiste, j'exposais au Japon et y fit de nombreux séjours. Le deuxième: j'appris le jeu de "go" et devins si passionné qu'en 1981 je décidais de ne plus jouer. J'étais devenu 1er dan amateur, ce qui au Japon était à l'époque passable pour un bon amateur japonais mais un peu plus difficile pour un "gaijin", et pour progresser il m'aurait fallu investir plus de peine et de temps. J'ai préféré appliquer la philosophie du go et ne plus ajouter de pierres dans un moyo sans avenir (moyo = espace prospectif) car ce temps, ces efforts, auraient dû être pris sur mon travail d'artiste, au détriment de mon oeuvre.

Cette fréquentation intensive du Japon et de sa culture m'ont rendu de nouveau perméable et disponible pour voir, désirer, et commencer une collection, proche par son caractère du Bushidô qui avait tenu une grande place dans ma vie.

J'ai maintenant le plaisir d'une fréquentation assidue avec les arts des armes du Japon et je dois à un ami, Robert Burawoy, de m'en avoir montré les degrés de qualité. De plus, n'ayant pas le savoir nécessaire qui prend plusieurs années pour s'affiner et beaucoup d'études pour s'affirmer, c'est Robert qui prend soin de ma collection, me donne des conseils, me guide dans mes choix, et m'en apprend les caractéristiques.

Bien que l'origine et les constituants de l'art japonais soient issus du signe primordial proto-chinois ou mongol, ce signe, ou cet ensemble de signes, subirent la transformation due au déplacement des migrations. L'isolement relatif du Japon a permis l'élaboration d'un style spécifique avec des solutions originales. Aux temps forts de la création, nous pouvons voir un allégement de l'ajout décoratif et la promotion du deséquilibre, par exemple, opposition de surfaces vides avec une contrebalance inscrite.

Dans les armures, les casques, les masques, on assiste à un mariage en évolution entre la technique, la recherche de l'efficacité, et l'esthétique, qui dans les meilleures pièces s'allie si bien avec la fonction.

Les objets, les arts du passé, sont des machines à voyager dans le temps, et en suivant la courbe parfaite et fulgurante d'une lame de sabre, on prend un raccourci vers l'époque des Samouraï.

Arman